Compte rendu réunion 20/10/07

Publié le par Laure Thevenin

Compte-rendu de la réunion organisée par la mission de coordination culturelle sur les 2ème et 3ème arrondissements, Ligue de l’Enseignement – Fédération des Amis de l’Instruction Laïque des Bouches-du Rhône- du jeudi 20 septembre 2007 de 9h00 à 12h30 à Espace Accueil aux Etrangers,  " au-delà des notions ‘démocratisation de la culture/démocratie culturelle’ : comment développer les pratiques artistiques et culturelles avec la population qui nous entoure ? "

avec la présence de Cyril SEASSAU, chargé de mission national au service culture de la Ligue de l’Enseignement.

Avertissement : il s’agit d’une retranscription synthétique de propos oralement tenus, ce qui peut expliquer des formulations synthétiques, du registre du langage parlé.

 En présence de 42 personnes, 28 structures 

- Document distribué lors de la réunion : " corpus de textes de référence en matière d’accès à la culture "

 Introduction de Colette Delhommeau, responsable du service Education et Culture à la Fédération des Amis de l’Instruction Laïque des Bouches-du-Rhône.

Par cette 1ère réunion de l’année scolaire 2007/ 2008, il s’agit bien de lancer par la suite une série de réunions de travail sur l ‘année.

Annonce du départ de Claire Baillon au poste de coordinatrice culturelle des 2ème et 3ème arrondissements de Marseille et présentation de Laure Thevenin qui lui succède.

1er point : qui décide en matière d’art et de culture ?

Cyril Seassau, chargé de mission service culturel, Ligue de l’Enseignement

propose de revenir sur la définition du terme de " culture ", en circonscrivant trois sphères : 1.la culture savante : académique, officielle, institutionnelle / 2.la culture industrialisée : dite de masse, dans laquelle il s’agit de distinguer celle qui favorise une industrialisation de diffusion conservant parfois une dimension d’éducation artistique de l’industrie du loisir culturel, souvent aliénante. /3. La " tiers-culture " : une culture inorganisée ou éclatée qui ne se reconnaît pas elle-même, ne se sait pas.

Enoncé de la posture de la Ligue de l’Enseignement : il ne s’agit pas de hiérarchiser ces formes de culture, mais bien d’être conscient de ce millefeuille, de connaître les diverses acceptions pour aider à se situer, soi-même et les diverses pratiques culturelles que l’on peut avoir.

Le débat démocratisation de la culture /démocratie culturelle :

Cyril Seassau fait un bref rappel historique de ce débat : avec le Ministère Malraux, c’est la fin des " Beaux-Arts ", l’arrivée de la décentralisation et de la démocratisation culturelle ; les années 70 c’est les années de " socio-culturel " avec des initiatives de démocratisation culturelle comme les bibliobus ; avec les années Lang on assiste à une professionnalisation des acteurs culturels, changement vécu par la Ligue et les autres mouvements d’Education Populaire comme une trahison. Ce moment a posé la nécessité pour tous de se resituer, de se repositionner.La démocratisation culturelle a fonctionné, mais les objectifs ultimes ne sont pas atteints.

La démocratie culturelle : il s’agit de passer de la logique de l’offre à celle de la demande. Mais qui l’exprime ? Qui l’entend ? Qui la collecte ? Le danger ici c’est que la logique de la demande peut se retourner contre nous et engendrer le populisme. La transformation opérée par l’art doit continuer à avoir lieu ; les œuvres nous décalent, déstabilisent, nous donnent à penser.

Actualité, mutations en cours et points de vigilance :

Il s’agit d’être vigilant, la démocratisation fait l’objet de multiples attaques. Aujourd’hui entre offre et demande, les rapports se complexifient. Il ne s’agit pas de renier la démocratisation culturelle, mais de mettre aussi en route la démocratie culturelle, moins sous l’angle de la demande que sous celui du projet.Il s’agit bien de rester vigilant face au fait que l’industrie culturelle, elle, avance très vite. La Ligue de l’Enseignement se positionne fortement pour l’éducation artistique  en posant trois axes: la fréquentation des œuvres, la rencontre avec les professionnels des arts (artistes mais aussi techniciens), la pratique artistique.

C.Seassau note que ces trois fondamentaux sont aujourd’hui menacés.

Ressources  (voir " Liens internet) : La " lettre aux éducateurs " de Nicolas Sarkozy du 4 septembre 2007, La " lettre de mission de Nicolas Sarkozy, adressée à Mme Christine Albanel, Ministre de la Culture et de la communication " du 1er août 2007, La " lettre de mission à Eric Gross sur l’éducation artistique et culturelle " du 27 juillet 2007.

 

 

 Mohamed Adi, Le Pied Nu :

Le démantèlement de l’intermittence est aujourd’hui vécu comme la disparition d’une subvention indirecte. On travaille sur cette question de l’ajustement de l’offre et de la demande en étant toujours sur le terrain, en interaction avec la population. La question de l’évaluation est ici importante, elle se pose nécessairement quand on fait les bilans des projets.

Jakline Eid, MuCEM :

Pointe le paradoxe que malgré l’obligation faite aux musées de France d’avoir un service des publics, il n’existe pas de statut de médiateur pour les musées nationaux. On a donc (de plus en plus) souvent recours à des prestataires extérieurs, non impliqués dans l’institution dans le long terme et travaillant dans la précarité. Comment réfléchir alors sur l’appréhension de tous les publics, l’analyse de la demande par rapport à l’offre et leur interaction, l’analyse qualitative de la réception de l’offre muséale ?

La médiation, le médiateur sont-ils réductibles à un i-pod ? Il s’agit de réfléchir sur l’expérience vécue avec des jeunes du Centre Social Tivoli lors d’une visite de l’exposition au MuCEM " Trésors du quotidien " : ils n’ont eu de cesse que d’obtenir les i-pods, pour les délaisser ensuite très rapidement. La réflexion doit être menée et sur le contenu de la médiation et sur son support de diffusion, avec des modalités nécessairement adaptées à chaque public.

Bernard Ravet, principal du collège Jean-Claude Izzo :

Seul représentant de l’Education Nationale aujourd’hui. Il souhaite ici poser une question politique au vrai sens du terme : sur un territoire donné, quelle est l’offre républicaine face à la montée des associations religieuses ? Il est primordial de répliquer par un contre-feu républicain qui doit être mené conjointement par la culture et l’école. Il pose la question de la place du culturel et du sportif dans le cadre de la mise en place du socle commun des apprentissages. D’autre part, il évoque l’aide financière indispensable aux projets qui associent des financements d’Etat, Education Nationale, DRAC, et l’implication des collectivités locales. Au niveau du second degré, un engagement fort du Conseil Général, au niveau du premier degré, difficultés pour les écoles de mettre en place des projets culturels dans la mesure où le DSU n’intervient plus dans le temps scolaire.

Gilbert Ceccaldi, DGAC :

Saluer le mouvement de d’Education Populaire qui a porté l’enjeu de la culture pour tous. A l’heure actuelle on subit les conséquences du Ministère Malraux, l’éclatement en trois ministères, Education Nationale, Culture, Jeunesse et Sports. On peut entendre aujourd’hui les réminiscences d’un " secrétariat aux Beaux-Arts ". Avec le Ministère Lang et le transfert de compétences des fédérations de l’Education Populaire au ministère de la Culture, celles-ci ont été vidées de leur substance ; leur affaire n’a plus été de faire de l’action culturelle.

Aujourd’hui, on constitue une assemblée unique, jamais vue, aussi bien constituée d’institutions " lourdes " que d’associations " modestes ". C’est un moment clé pour recoudre les choses entre privé et public.

La démocratisation est de plus en plus inscrite dans les textes, il faut s’en servir. Comment ? Dans la LOLF par exemple, un des trois programmes inscrits dans la mission " culture " s’intitule " transmission des savoirs et démocratisation de la culture ". De plus, des points d’évaluation sont donnés, il serait intéressant de s’en servir pour appuyer des projets.

Il ne peut y avoir qu’une culture pour la ville et ses quartiers. Cette affirmation doit être mise en tension avec les trois notions déclinées par Cyril Seassau. Ressources : confer le recueil de paroles d’élus, Nouveaux territoires de l'art - paroles d'élus, Propos recueillis par Claude Renard-Chapiro (voir bibilographie)JC Wallach: http://www.editions-attribut.fr/La-culture-pour-qui

 Frédérique Fuzibet, Théâtre de la Mer :

Soulève le problème des crispations identitaires. Bien sûr il faut sur ce sujet passer par l’école, mais comment ? L’école n’est pas ouverte à la diversité culturelle. Ce qui nous renvoie à : comment on conçoit nos projets culturels avec les publics ? On peut monter des projets qui ouvrent les jeunes à leur culture d’origine, par une lecture autre. Un maillon manque, il y a un accompagnement à faire. Exemple du projet " Euripide dans les quartiers ".

Justin Vincent, ATD quart-monde : Comment susciter l’envie  de lire, de découvrir chez les gamins des cités ?

Viviane Lascombe, responsable de la Bibliothèque du Panier : c’est en effet très difficile.

Cyril Seassau :

Votre force, c’est ce qu’on est en train de vivre là, ce matin dans cette réunion. La diversité du groupe témoigne d’un niveau de complémentarité essentiel. Il s’agit de partir d’un socle commun et de travailler ensemble sur des critères partagés. A l’échelle d’un territoire, il s’agit bien par la culture de donner à chacun les moyens de partir et l’envie de rester. L’outil ici, la base commune, c’est la laïcité qui doit être remise à l’ordre du jour. Le dialogue peut être pacifié dans le cadre républicain.

Stéphanie James, " les racines du vent "

Aime à citer cette phrase de Montaigne, " l’enfant n’est pas un vase qu’on remplit, c’est un feu qu’on allume ". La lecture est un plaisir qui naît petit à petit ; on ne prend pas assez le temps de l’envie, de donner envie. On a en effet souvent tendance à sauter des étapes en voulant par exemple faire inventer des histoires à des enfants avant de leur donner le goût des histoires d’abord en leur racontant.

Cyril Seassau :

Il s’agit bien de tirer des réflexions communes à propos de ce qui se passe ici et ailleurs, dans d’autres régions de France :

- la démarche de projet : faire ensemble, faire avec

- le développement culturel et le développement durable : inscrire les projets dans la durée

- le cadre géographique des projets, le territoire de vie, la géographie humaine

- l’évaluation des projets

La LOLF peut être une arme pour nous, il s’agit de s’en servir pour définir une culture du projet et de l’évaluation. Des critères d’évaluation sont à fabriquer autour des mots qui ont été ce matin entendus : la circulation, la mixité, le débat, la réflexion politique autour du projet, le décloisonnement.

 2ème partie : expériences et chantiers

Cyril Seassau : Expériences menées à la Ligue de l’Enseignement :

les résidences d’artistes au cours desquelles les habitants sont associés à des étapes du travail artistique et participent au comité de suivi de ces résidences. / les festivals où la programmation est partagée avec les populations / les comités, de lecteurs, de spectateurs, qui mélangent experts et non-experts, où les critères sont débattus / les jeunes ambassadeurs où des enfants sont à la fois relais d’information et associés aux choix dans la discipline artistique / "demain en France, chantier d’expressions"

Et ici, que se passe-t-il  ?

Ressources : www.commentfairesociete.org

 

 

 Jakline Eid, MuCEM :

Grâce à la coordination culturelle, on a pu se voir, se revoir. Notre action ne fonctionne que grâce aux projets en réseau. Il s’agit aussi de questionner la formation des structures relais.

Qui est venu voir l’exposition " Trésors du quotidien " ? (Cinq personnes parmi l’assemblée).

Qu’est ce qu’un musée ? Il faut mettre le musée à l’épreuve, le questionner. Il faut obliger le musée à travailler avec vous. Il faut arriver à fédérer des projets communs.

L’exposition des Pas Perdus et de Lieux Publics " Mari-Mira, l’esprit cabanon " sur l’esplanade St-Jean J4 a fonctionné en aller-retour avec l’exposition du MuCEM : comment on expose différemment des cultures populaires ? Cela a produit de l’interrogation : c’est quoi finalement un objet ?

Ressources : invitation à travailler autour de la thématique de la représentation animalière avec divers partenaires de la Ville (Museum, le Préau des Accoules…) et d’autres pour 2008/2009.

Mohamed Adi, Le Pied Nu :

On travaille toujours à la frontière du social et du culturel. Importance du mot citoyenneté.

Bernard Ravet, principal du collège Jean-Claude Izzo :

Importance de se mobiliser pour faire venir la culture dans le collège. Une charte du partenariat a été votée dans le cadre d’un " commerce équitable culturel ". Nécessité de cette charte là où il y a multiplicité des partenariats, qui pose la condition d’" un retour sur investissement sur les collégiens ".

" Ambition réussite " signée avec pour thème " les cultures plurielles pour apprendre ". Sur un territoire, la commission d’Education à la Culture invitera les partenaires du secteur autour d’un thème choisi sur trois ans afin de mettre en cohérence les actions et les priorités tant au niveau des collèges que des écoles du Réseau Ambition Réussite. Nécessité d’ouvrir le partenariat aux familles; le collège comme lieu de culture.

Ressources : proposition à faire vivre les lieux du collège que sont les salles d’exposition, le théâtre ; aller vers le collège comme lieu de culture.

 

 

Agnès Durand, ATD quart-monde :

ATD Quart Monde est un mouvement qui lutte contre la misère et l'exclusion sociale en considérant comme fondamental d'agir en partenariat avec les personnes les plus démunies : le 17 octobre, journée mondiale du refus de la misère, est l'occasion de leur donner la parole ; cette année 2007 marque les 50 ans d'ATD et les 20 ans de l'inauguration d'une dalle posée en l'honneur des victimes de la misère au Trocadéro à Paris.

Parmi les actions qu'il mène le Mouvement initie des réseaux : l'enjeu du travail du réseau culture est de nous permettre de nous appuyer mutuellement sur nos expériences de projets et d'actions culturels pour examiner ensemble les conditions ou les freins de leurs réussites et de leurs échecs- une réflexion qui peut nous amener à reconsidérer notre manière d'aborder la construction de ces projets, et ce faisant élargir le courant du refus de la misère.

Ressources : les actes des rencontres annuelles du réseau Wresinski culture en 2002 et 2003 (voir liens internet et bibliographie)

Dorine Julien, Les Pas Perdus :

A travers l’exemple de la résidence de Nicolas Frize, la question de la durée de la rencontre, de l’échange est posée. Les choses peuvent alors se transformer, on peut travailler sur des questions sensibles autres que l’intellect, et propres à la création.

Ressources : Le projet " les maisons de l’ordinaire et de la poésie " découle du même processus que le " Tuning d’Appartement " ; il est proposé à des collectifs déjà constitués sur leur lieu d’activité. Par exemple, le toit-terrasse de la MPT Belle de Mai va être transformé en jardin ouvert à tous. Le Tuning d'Appartement continue en 2008 pour les habitants des 2ème, 3ème et 14ème arrondissements de Marseille. Proposition d’organiser des tables-rondes avec des élus, pour les élections à venir afin de les interpeller sur les questions du développement culturel et artistique d’un territoire.

Cyril Seassau :

Ressources : Forum Permanent pour l’Education Artistique, un blog qui regroupe diverses ressources et contributions autour de l’éducation artistique (voir liens internet)

Frédérique Fuzibet, Théâtre de la Mer :

On parle bien tous d’un travail d’inscription dans la durée et dans le territoire ; ce travail est une nourriture à la fois pour les artistes et pour les populations. La question de la durabilité soulève celle de la routine, où cela ne fait plus événement.

Ressources : Proposition à venir partager un nouveau lieu de création et de rencontre, au 53, rue de la Joliette

Emmanuel Viennot, chef de projet CUCS St Mauront/ Belle de Mai :

Importance de la mobilisation du milieu associatif pour les Rencontres Territoriales de la Ville organisées d’ici le 14 novembre par territoire.

Ressources : le blog de Fadela Amara, Secrétaire d'Etat en charge de la politique de la ville

Sam Khebizi, Les Têtes de l’Art :

- Avant-projet de loi sur les pratiques amateurs sur le site de la COFAC, coordination des fédérations et associations de culture et de communication (voir liens internet)

- Nécessité d’intégrer dans la formation initiale et continue des professionnels ayant à charge des publics (enseignants, animateurs, éducateurs, assistantes sociales) un volet sur le sens et la mise en œuvre de projets culturels et artistiques au bénéfice de leurs publics.

- Repenser l’animation de réseau associative et les modes du mutualisation et d’échanges.

Pratiquement, pour les associations il s’agit de mutualiser les compétences, de coordonner un réseau, d’en identifier les structures.

Ressources : création d’un nouveau rendez-vous mensuel intitulé " Dé[K]ryptages " où un texte en lien avec les pratiques artistiques sera débattuPossibilité d’accueil de structures dans une nouvelle salle au Comptoir Toussaint Victorine à la condition d’un échange prévu avec le territoire.

Stéphane Boublil, Théâtre de proposition :

Ressources : le théâtre de proposition comme un lieu-ressources  pour des compagnonnages ; un site internet de mutualisation avec notamment un agenda qui répertorie ce qui se passe dans les théâtres de la région marseillaise, une liste des sites internet de ces théâtres et également des vidéos des spectacles et rencontres de la région.

Cyril Seassau :

Propose une liste de mots revenus pendant la réunion : partenariat, comité, mutualisation, fédérer …Nous formons ici un collectif, des choses changent.

Ressources : Les Rencontres Nationales de St-Brieuc, Ligue de l’Enseignement, " culture, territoire, solidarité ", les 15, 16 et 17 mai 2008

RESSOURCES POUR ALLER PLUS LOIN :

_Les actes des rencontres annuelles du réseau Culture d’ATD Quart-Monde en 2004, autour du thème : " Qu’est ce que la participation à des activités culturelles et artistiques nous apporte : dans notre vie personnelle et/ou notre vie familiale ? Pourquoi ? Cette participation a-t-elle des conséquences sur nos relations avec les autres, dans le groupe et en dehors du groupe? ", témoignages de participants à des ateliers culturels et artistiques pour la rencontre nationale du 3 décembre 2004.

ATD Quart Monde : www.atd-quartmonde.asso.fr >> Que faisons-nous ? >> Des actions dans la société >> Mobilisation >> Les réseaux Wresinski

ou http://www.atd-quartmonde.asso.fr/article.php3?id_article=149

 

 

 

 

 

 

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